En ce qui concerne la problématique des forages profonds (sécurité, protection des eaux souterraines, bruit, etc.), tous les projets de géothermie profonde fonctionnant chez nos voisins français et allemands sont comparables. Nous n’avons pas connaissance d’accidents ou de pollutions liés aux opérations de forage de ces projets géothermiques ces 30 dernières années. Rien qu’en Bavière, de 1980 à nos jours, environ 170'000 m ont été forés pour des réalisations en géothermie profonde, permettant aujourd’hui l’exploitation de 18 centrales produisant de la chaleur et/ou de l’électricité! En Suisse non plus, les forages profonds, qu’ils soient destinés à la géothermie, à l’exploration pétrolière ou à des reconnaissances géologiques n’ont jamais, à notre connaissance, causés de pollution. En Suisse, mentionnons la centrale géothermique de Riehen, à Bâle, qui alimente avec succès un réseau de chauffage à distance communal depuis 1993.
Concernant l’exploitation de ces forages, un seul cas de défaillance ayant causé des dommages nous est connu, à Landau, en Rhénanie-Palatinat (Allemagne). Les informations dont
nous disposons révèlent toutefois un concept d’étanchéité d’un niveau très inférieur à ce qui est prévu à Haute-Sorne.
Quant à la problématique de la stimulation du réservoir, on y recourt systématiquement dans la vallée du Rhin, en France ou en Allemagne. Certes avec des méthodes différentes
d’un site à l’autre, mais avec chaque fois l’objectif d’augmenter la perméabilité naturelle des roches cristallines et la problématique de controller le risque sismique. La plus récente
réalisation en France en est un exemple : la centrale de Rittershoffen, en Alsace, a été inaugurée officiellement le 7 juin 2016 et
livre avec succès de la chaleur à un client industriel situé à 15 km du site, lui permettant ainsi de réduire drastiquement ses émissions de CO2. Si certains projets ont connu des problèmes de
sismicité au début (Soultz-sous-Forêts, Landau, Insheim), des mesures opérationnelles ont permis de juguler le problème pour poursuivre l’exploitation. A Rittershoffen, aucune sismicité
perceptible n’y a été enregistrée durant les travaux. Les succès rencontrés dans la région ont donné un nouvel élan. Ainsi, en 2018, les travaux de forage pour deux nouveaux projets géothermiques
profonds ont démarré dans les environs de Strasbourg. Plus au Nord, une grande campagne de mesures géophysiques avec une échographie tridimensionnelle du
sous-sol a été lancée à proximité du site de Soultz-sous-Forêts afin d’identifier de nouveaux sites pour des projets de géothermie profonde.
En ce qui concerne la centrale géothermique, la problématique est comparable dès qu’il s’agit de produire de l’électricité, quelle que soit la technique en sous-sol (soit plus de
10 centrales en fonction actuellement et plusieurs en planification ou en réalisation en Allemagne). La technologie prévue à Haute-Sorne (centrale ORC) est la plus aboutie et celle employée dans
la plupart des centrales en France et en Allemagne. Il s’agit de la technologie mise en œuvre dans le monde entier pour la production d’électricité à partir de sources de chaleur de relativement
basse température jusqu’à environ 350°C, notamment dans des centrales à biomasse ou à bois, pour la géothermie profonde et pour la valorisation de la chaleur résiduelle de processus industriels.
Finalement, concernant l’acception sociale de ces projets, on peut dire qu’elle est variable. Elle est globalement très bonne en Bavière, bonne en France, mais plus controversée dans la vallée du
Rhin allemande, sans doute à cause des problèmes qu’a rencontrés la centrale de Landau.